Le combat chevaleresque que mena ce grand escogriffe de Platon contre les sophistes est traversé par un formidable paradoxe. Dénonçant sans relâche la rhétorique des ses ennemis jurés, il déploya lui-même, ce faisant, l’un des plus grands procédés rhétoriques de la philosophie, soit celui de ses dialogues théâtraux. Au travers de ceux-ci, il se permet la commodité de mettre en scène les sophistes, préjugeant au passage de leur attitude et de leur argumentation à son encontre. Il les réduit également – de la manière la plus sophistique (!) – à une espèce de bloc homogène alors que, comme le dit Gilbert Romeyer-Dherbey dans son étude sur les sophistes, la diversité et l’originalité de ces personnages et de leur doctrines « […] ne nous permettent pas de caractériser un système de pensée unique, dont le nom serait ‘sophistique’ et qui s’opposerait à ‘philosophie’. » Lire la suite « Ars Rhetorica #3: le paradoxe platonicien » →