[…] qui se sert de machines use de mécaniques et son esprit se mécanise. Qui a l’esprit mécanisé ne possède plus la pureté de l’innocence et perd ainsi la paix de l’âme.
– Ciel et Terre
[…] qui se sert de machines use de mécaniques et son esprit se mécanise. Qui a l’esprit mécanisé ne possède plus la pureté de l’innocence et perd ainsi la paix de l’âme.
– Ciel et Terre
L’attachement n’est pas autre chose que l’insuffisance dans le sentiment de la réalité. On est attaché à la possession d’une chose parce qu’on croit que si on cesse de la posséder, elle cesse d’être.
– La Pesanteur et la Grâce
Bouger toujours pour que rien ne change jamais: tel semble être le mot d’ordre. De sorte que courir sur un tapis roulant en allant dans le sens inverse de celui de son déroulement donnerait une idée relativement exacte de notre temporalité sociale actuelle.
– La privation de monde
Certes, le monde dans lequel nous vivons n’est pas un royaume des Idées. Mais il est incontestablement plus platonicien que ne l’a jamais été le monde. Et ce pour la simple raison qu’il se compose de choses qui sont en grande partie des produits de série standardisés, des produits qui ont vu le jour en tant qu’imitations ou reproductions de modèles, de plans ou de matrices. Ils doivent leur existence à des Idées.
– L’obsolescence de l’homme
Le problème posé par l’histoire n’est pas qu’elle aurait pris fin, comme le dit Fukuyama, c’est au contraire qu’elle n’aura pas de fin – donc plus de finalité.
– Mots de passe
L’admiration de l’excellence humaine relève d’un ethos aristocratique. […] l’égalité est elle-même un idéal aristocratique. C’est l’idéal de l’amitié entre ceux qui se tiennent à distance de la masse et se reconnaissent entre eux comme des pairs. En revanche, l’idéal bourgeois ne repose pas sur un principe d’égalité, mais sur un principe d’équivalence – sur l’idée d’une interchangeabilité qui efface les différences de rang. […] nos intuitions aristocratiques peuvent en fait contribuer à humaniser et approfondir nos convictions démocratiques plutôt que les menacer.
– Éloge du carburateur
« […] la philosophie […] existe à peine, c’est-à-dire n’existe que par surprise et quand on détourne les yeux; dès qu’on la considère trop attentivement, on la voit devenir autre chose, psychologie, sociologie ou histoire de la philosophie des autres, car elle vit des miettes des sciences positives; la philosophie existe en gros, comme effet de masse ou d’approximation, alors que de près elle se désagrège à l’infini. »
– Philosophie première
Sans la lumière, les gens se prendraient par le bras et avanceraient lentement, à tâtons, ensemble d’un même pas hésitant, comme des frères; nul ne posséderait plus aucune certitude et il n’y aurait plus de croyances dans les têtes, mais, hélas, le soleil existe et les gens préfèrent croire les mensonges de la lumière qui les rendent si malheureux.
– Du mercure sous la langue
Chacun court ailleurs et vers l’avenir parce que nul n’est arrivé à lui-même.
– Sur la physionomie
L’ennui est un dommage collatéral de la réclusion des salariés dans l’aisance du domicile familial, aisance pourtant érigée au rang d’idéal dans l’imaginaire formaté de la classe moyenne. Un ennui qu’on nous a appris à combattre avec le feu qui l’alimente: en achetant toujours plus, idéalement plus que le voisin, même au prix de garde-robes qui débordent et de marges de crédit qui explosent.
– Le manifeste des parvenus