Lecture de la Bible: Genèse I, 3-23

Lecture de la Bible: Genèse I, 3-23

Tout le long des versets 3 à 23 de la Genèse, qui correspondent aux jours 2 à 5 de la Création, Élohim réalise une série de séparations. Il sépare d’abord la lumière des ténèbres, puis les eaux des cieux des eaux de la terre, la terre des eaux, le jour de la nuit et enfin, au 5e jour, les animaux aquatiques des animaux des cieux. Ainsi, de l’unité originelle formée par Élohim et le mystérieux Abîme dont je parlais dans l’épisode précédent, nous passons progressivement à un monde séparé, éclaté, fait de constituants distincts.

Ce thème de la séparation, qui est mis en exergue dans ces quelques versets de l’Ancien Testament, me ramène tout droit à un splendide ouvrage de Georges Bataille intitulé Théorie de la Religion, que j’ai eu le bonheur de lire il y a quelques années.

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Lecture de la Bible: Genèse I, 1-2

Lecture de la Bible: Genèse I, 1-2

Au commencement, Élohim créa les cieux et la terre. La terre était déserte et vide. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abîme et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux.

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Ce qui attire immédiatement l’attention dans ce tout premier passage de la Bible, c’est ce curieux Abîme baigné dans les ténèbres. Selon les notes du volume que j’utilise, ce mot est une traduction d’un terme hébreu qui signifie mer mais qui évoque plus largement une sorte d’élément féminin primitif. De manière générale, la mer, source de vie, est un symbole qui évoque le féminin. L’importance de l’Abîme est par ailleurs marqué par la lettre capitale. S’agit-il d’une sorte de matière primitive ou d’espace à partir duquel Élohim crée? Une sorte de canevas originel ?

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Lecture de la Bible: introduction

Lecture de la Bible: introduction

J’ai récemment décidé de réaliser un rêve que je caressais depuis longtemps et qui paraîtra peut-être saugrenu au lecteur ayant atterri ici dans l’espoir de se frotter à quelque travail philosophique « sérieux », à savoir de lire l’Ancien Testament. C’est une envie qui s’est progressivement installée dans le fond de ma cervelle avec les années, à force de me frotter à toutes sortes de références à ce vénérable ouvrage. Les philosophes parlent en effet souvent de l’Ancien Testament dans leurs dissertations et avec raison, dans la mesure où toute la culture occidentale est fortement imprégnée de la pensée chrétienne et donc de l’esprit de ce grand livre.

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Méditations d’un vieux con

Méditations d’un vieux con

Il y a quelque temps, au premier paragraphe d’un article intitulé Considération intempestive sur le fond et la forme, je me suis plu à railler la littérature de l’auteur internationalement reconnu Marc Lévy. Avec une bonne dose d’ironie, j’affirmais alors combien il est bon « […] de déguster, après un bouquin de phénoménologie particulièrement coriace, l’exquise, la fraîche, l’irrésistible suavité d’un roman de Marc Lévy! » Bien qu’amusante, il s’agissait là d’une envolée d’autant plus veule que je n’ai jamais lu un traître mot de cet auteur, et que cela ne figure pas non plus au catalogue de mes projets. Or, depuis la publication de cet article, je dois dire que j’ai été trituré par une sourde angoisse qui m’a pourchassé jusque dans l’autobus qui m’emmène chaque matin rencontrer le visage de ma destinée. Lire la suite « Méditations d’un vieux con »

Mort à la culture !

Mort à la culture !

À la fin du mois de juin 1935, à la Maison de la Mutualité à Paris, eut lieu le Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, auquel participèrent des auteurs renommés tel que Bertolt Brecht, André Gide, André Malraux, Aragon, etc. Il s’agit d’un événement d’une grande importance et dont l’influence fut immense. On y discuta de l’état de la culture européenne de l’époque, de son avenir, de ses perspectives, entre autres dans le contexte de la montée de l’ennemi fasciste. À cette occasion, le poète surréaliste Antonin Artaud fut invité à participer aux discussions mais il déclina l’offre et se contenta de rédiger une lettre incendiaire dans laquelle il varlopa sans façons la conception de la culture que ce congrès se proposait de défendre. Il y dénonça le formalisme matérialiste de son époque qui ramenait la culture à un ensemble de biens matériels, et à un ensemble de paradigmes formels. Lire la suite « Mort à la culture ! »

Bergson et la spiritualité

Bergson et la spiritualité

Le mot spiritualité, déchu avec l’avènement des philosophies rationalistes de l’ère moderne, a retrouvé une certaine dignité au travers de l’oeuvre d’Henri Bergson, ce philosophe français ayant sévi à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et dont la carrière fut couronnée par un prix Nobel de la littérature (voir Wikipédia pour une biographie complète). Je vais ici tenter d’expliquer de quelle manière la spiritualité a fait irruption dans la philosophie de cet éminent penseur.

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Spiritualité contemporaine: présentation

Spiritualité contemporaine: présentation

Je vais ici écrire un mot effrayant: le mot spiritualité. Horrible n’est-ce pas ?

C’est un mot qui effraie car à la lecture de ce mot, nous songeons immanquablement à toute une myriade de références auxquelles la conscience contemporaine, sceptique et rationnelle, est foncièrement allergique: religion, divinité, esprits, Nouvel Âge, sectes, anges, etc. Des références qui s’accompagnent tantôt d’une tendre mais néanmoins méprisable naïveté, ou alors d’un appesantissement de l’âme dont n’a que faire l’homme avide de désinvolture qu’est celui du monde d’aujourd’hui. Lire la suite « Spiritualité contemporaine: présentation »