Écosophie #2: La décroissance de l’ego

Écosophie #2: La décroissance de l’ego

Parmi tout l’appareil conceptuel qui est en train de s’ériger autour de la crise écologique que nous avons commencé à traverser, il y a un mot menaçant qui nous surplombe telle une épée de Damoclès, et dont nous avons à peine commencé à prendre la mesure: je parle de la décroissance. Car effectivement, la résolution de la crise impliquera nécessairement une diminution marquée de la croissance économique des sociétés humaines. Cette nécessité est démontrée d’abord par les indicateurs statistiques qui nous montrent que la quantité des émissions de gaz à effet de serre (GES) est à peu près parfaitement corrélée à la croissance économique. Autrement dit, plus nous croissons économiquement, et plus nous émettons de gaz à effet de serre. C’est aussi simple que cela. Et donc, afin que la terre retrouve son équilibre thermodynamique, les sociétés humaines devront décroître économiquement.

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Écosophie #1: l’art d’habiter le monde

Écosophie #1: l’art d’habiter le monde

Pour ceux et celles qui ne l’ont pas encore réalisé, j’annonce que les jours de notre civilisation sont comptés. Ou du moins, que les jours de notre paradigme actuel quant à la façon d’habiter le monde – soit la façon moderne, qui consiste à viser un perpétuel accroissement de notre arsenal d’objets – sont comptés. Je ne ferai pas la démonstration de cette annonce dans la mesure où les preuves affluent un peu partout des multiples organismes scientifiques de la planète et qu’elles sont éminemment faciles à trouver sur le Web. Qu’il nous suffise ici de rappeler que les ressources énergétique de la planète sont en train de s’épuiser et que le climat se réchauffe à vitesse grand « V ». Pour ces deux raisons, c’est un fait indisputable que le système Terre ne pourra pas soutenir encore très longtemps l’état actuel des choses.

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Chroniques de la vie mutilée #5: Saint Adolf

Chroniques de la vie mutilée #5: Saint Adolf

Parfois, je me demande si, en ayant fait du nazisme et du totalitarisme une espèce de trou noir qui, par sa démesure, aspire toute autre espèce de vice, aimante toutes les propensions dont sont habités les parangons de la vertu à désigner le mal qui les entoure et qui réduit à des balivernes toutes les petites saloperies ordinaires du monde, Adolf Hitler n’a pas finalement mieux réussi que Jésus Christ lui-même à absoudre les hommes de leurs péchés.

Chroniques de la vie mutilée #4: Comment se planter en beauté

Chroniques de la vie mutilée #4: Comment se planter en beauté

C’est certainement l’une des propensions les plus grossières et les plus ordinaires de l’homme que de révérer le succès, de n’apercevoir la vertu que dans ce qui réussit, de confondre le rang et l’esprit. Et cela pour la bonne raison que cette révérence ne demande aucun effort particulier, l’âme fragile ployant naturellement devant le cours des choses. Mais quant à s’aiguiser quotidiennement le regard afin de persister à déceler le juste dans ce qui est humilié et écrasé, et à prendre des risques en faveur de cette autre vertu, quitte à se planter en beauté, il faut pour cela une âme et des cojones d’acier.

Le totalitarisme guimauve – 2e partie

Le totalitarisme guimauve – 2e partie

Dans l’épisode précédent de cette petite enquête autour du concept proposé de totalitarisme guimauve, je discutais de la manière dont nous pouvons envisager une déclinaison contemporaine du totalitarisme qui soit exempte de terreur et ce, malgré le fait que précisément, le concept de totalitarisme soit très étroitement lié à la terreur des régimes nazis et bolcheviques du XXe siècle. Pour ce faire, je replaçais le phénomène de ces deux régimes dans un contexte beaucoup plus large, soit celui d’une maladie civilisationnelle à laquelle je donnais le nom de crise du nihilisme. La crise du nihilisme correspond ainsi à ce moment où le fil qui relie les individus à l’arrière-fond traditionnel et moral de la civilisation se rompt, laissant place à un monde où règne le relativisme. Lire la suite « Le totalitarisme guimauve – 2e partie »

L’isolation rationaliste

L’isolation rationaliste

L’un des grands écueils de la pensée rationaliste ayant cours en Occident depuis l’avènement de la modernité, c’est qu’elle nous fait ramener les choses du monde et de la pensée à des éléments unitaires, isolés et supposément autonomes. Si la raison est effectivement un instrument qui tranche le réel et le débite en menues petites rondelles, seul le rationaliste s’y abandonne au point de croire en un monde passé au hachoir. Par exemple, sous l’égide d’une pensée rationaliste, la forêt n’en est plus une : c’est un agglomérat d’arbres. Et l’arbre n’en est plus un : c’est un agglomérat de feuilles et de branches. De même que la société n’en est plus une : c’est une masse d’individus atomisés et soi-disant « libres » (j’ai des haut-le-cœur à la seule écriture de ce mot). Lire la suite « L’isolation rationaliste »

Le totalitarisme guimauve

Le totalitarisme guimauve

À l’occasion d’un article coquinement intitulé Il faut rallumer Notre-Dame, que j’ai commis il y a quelque temps, non sans une certaine maestria, il m’est arrivé de décrire le monde d’aujourd’hui en utilisant l’expression de totalitarisme guimauve. Plus précisément, je qualifiais notre monde de la sorte parce que j’estimais qu’il est devenu « routinisé, préprogrammé, systémisé, bureaucratisé, sur-sécurisé ». J’affirmais aussi que nous y jouissons « de ces plaisirs préemballés que le marché saupoudre au-dessus de nos têtes, et qui ne nous font plus jouir depuis longtemps mais auxquels nous nous accrochons pour éviter de sombrer, ces petites choses empoisonnées qui émoussent petit à petit les zones érogènes de nos corps et qui finiront par nous rendre, si cela n’est déjà fait, complètement frigides ». Lire la suite « Le totalitarisme guimauve »

Il faut rallumer Notre-Dame !

Il faut rallumer Notre-Dame !

J’aimerais d’entrée de jeu présenter mes excuses au lecteur. Cela m’apparaît nécessaire étant donné que le constat que je m’apprête à énoncer, qui servira d’ailleurs de point de départ à cette nouvelle suite d’élucubrations, est un constat foncièrement imbécile. Je veux dire qu’il ne peut que traduire l’ineptie profonde de celui qui le formule – en l’occurrence celle de l’auteur des présentes basses œuvres. Et non seulement ce constat est-il imbécile mais en plus, je me permettrai d’ajouter l’injure à la grossièreté en prétendant qu’il a une portée universelle – autrement dit que son imbécillité appartient aussi au lecteur, et que ce constat ne concerne pas seulement le cours de ma petite personne mais également celui de la collectivité dans son ensemble. Lire la suite « Il faut rallumer Notre-Dame ! »

Le bruit de l’existence

Le bruit de l’existence

Parfois, l’idée d’entretenir une pensée philosophique m’apparaît aussi absurde que celle de vouloir jouer du violon au beau milieu d’un chantier de construction. Il faut que le lecteur daigne ici prendre un moment pour s’imaginer cette scène saugrenue d’un violoniste venant s’installer au beau milieu d’une bande d’ouvriers qui s’affairent, de marteaux-piqueurs qui grondent, de scies qui grincent et de perceuses qui vrombissent. Et où le pauvre musicien tente, malgré tout ce pénible tintamarre, de faire vibrer les cordes de son délicat instrument. Lire la suite « Le bruit de l’existence »