Lecture de la Bible: Genèse I, 1-2

Lecture de la Bible: Genèse I, 1-2

Au commencement, Élohim créa les cieux et la terre. La terre était déserte et vide. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abîme et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux.

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Ce qui attire immédiatement l’attention dans ce tout premier passage de la Bible, c’est ce curieux Abîme baigné dans les ténèbres. Selon les notes du volume que j’utilise, ce mot est une traduction d’un terme hébreu qui signifie mer mais qui évoque plus largement une sorte d’élément féminin primitif. De manière générale, la mer, source de vie, est un symbole qui évoque le féminin. L’importance de l’Abîme est par ailleurs marqué par la lettre capitale. S’agit-il d’une sorte de matière primitive ou d’espace à partir duquel Élohim crée? Une sorte de canevas originel ?

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Les mangeurs de bébés

Les mangeurs de bébés

Cet improbable bout de chair, concentré de beauté et d’intelligence, qui provoque quotidiennement des ouragans dans mes souvenirs et des tornades dans ma cervelle, et que j’appelle ma « fille », aura cinq ans d’ici quelques semaines. Cela signifie que le tendre chapitre de sa petite enfance s’achève déjà et qu’elle commencera bientôt, dans quelques mois, si ce n’est dans quelques semaines, à devenir quelque chose comme une grande enfant. Tantôt, elle franchira les portes de la plus noble des institutions de la civilisation (bien que les hommes l’oublient trop souvent !) : l’école, où elle découvrira qu’il y a un monde de savoir, de sagesse et d’aventure qui s’étend bien au-delà du cercle étroit qu’elle forme avec son Papa et sa Maman. Bien que l’idée de voir éclore la précieuse vie dont ma fille est porteuse m’emplisse évidemment de fierté, je ne peux nier que je ressens une certaine tristesse à l’idée que cette douce époque s’achève déjà. Lire la suite « Les mangeurs de bébés »

Petite promenade sur novembre

Petite promenade sur novembre

Qu’il est curieux le plaisir de se promener, l’automne venu, dans la forêt afin d’observer les arbres se profiler dans leur plus simple apparat ! De prendre acte du ralentissement des choses, du déclin de nos amis végétaux, de l’épuisement de nos cousins animaux !  Quel bonheur étrange ! Est-ce que notre cœur ne devrait pas plutôt pencher tout entier vers la dansante surabondance de l’été ou vers la frénésie montante du printemps ? N’est-ce pas après tout dans ces chaleureuses circonstances que la force de la vie se rend le plus palpable à notre esprit ? Du moins, c’est ce qu’il peut nous sembler mais pourtant, il n’en est pas tout à fait ainsi: que l’automne soit à même de nous soulever lui aussi implique que la disette, l’étiolement et la chute aient également leur petit charme particulier. Lire la suite « Petite promenade sur novembre »

Papa, où je serai quand je vais être morte ?

Papa, où je serai quand je vais être morte ?

Il y a quelque temps, de haut de ses trois ans et demi, Mini-Dompteuse m’a posé une question plutôt friponne: « Papa, où je serai quand je vais être morte ? » Quel ne fut pas mon étonnement ! Il faut ici que le lecteur s’imagine ces mots prononcés avec la douceur infinie d’une voix d’enfant, réduite à un petit filet mignon par la solennité du moment. Que l’on me croit sur parole: c’est quelque chose qui va droit à l’âme. La question était trop importante pour m’avancer sans réfléchir; j’ai donc d’abord affirmé, plutôt évasivement, qu’il s’agit d’un grand mystère et qu’à tout le moins, nous pouvons penser que nous demeurons dans les souvenirs des personnes qui nous ont aimé. La réponse était bien entendu insuffisante; elle le savait, je le savais, mais nous avons néanmoins convenu tacitement d’en rester là… jusqu’à la prochaine fois ! Lire la suite « Papa, où je serai quand je vais être morte ? »

Citation de la semaine: Georges Bataille

Citation de la semaine: Georges Bataille

[…] par quelle voie apaise-t-il en lui le désir d’être tout ? Sacrifice, conformisme, tricherie, poésie, morale, snobisme, héroïsme, religion, révolte, vanité, argent ? Ou plusieurs voies ensemble ? Ou toutes ensembles ? […] N’importe qui, sournoisement, voulant éviter de souffrir se confond avec le tout de l’univers, juge de chaque chose comme s’il l’était, de la même façon qu’il imagine, au fond, ne jamais mourir.

– L’expérience intérieure

Citation de la semaine: Hannah Arendt

Citation de la semaine: Hannah Arendt

La mortalité humaine vient de ce que la vie individuelle, ayant de la naissance à la mort une histoire reconnaissable, se détache de la vie biologique. Elle se distingue de tous les êtres par une course en ligne droite qui coupe, pour ainsi dire, le mouvement circulaire de la vie biologique. Voilà la mortalité: c’est se mouvoir en ligne droite dans un univers où rien ne bouge, si ce n’est en cercle.

– La condition humaine