Le poète ? Il n’est pas un révélateur de paradoxes comme peut l’être le philosophe. Il est le paradoxe. Il s’engouffre dans cette plaie et se laisse couler jusqu’au revers de la toile langagière qui recouvre le monde. De cette position, il a tout le loisir de se jouer des mots, de les subvertir comme cela lui chante, de les détourner de leur fonction originelle, de les extirper du règne auquel ils sont dédiés: celui de l’utilité. La poésie est toujours une affaire de rébellion. Lire la suite « Bagatelle #3: Le poète »
Catégorie : Bagatelles
Bagatelle #2: Le monde et le dire
Si le monde est recouvert par une toile langagière, alors qu’est-ce que ce monde dont je parle sinon l’une des fibres de cette toile ? Et dans ce cas, y’a-t-il réellement un monde qui se trouve en-dessous, ou ne parlons-nous jamais de quelque chose dont nous n’avons aucune idée ? Tout n’est-il qu’un jeu d’apparences comme le supposait Nietzsche ?
Lorsque le poète nous susurre ces mots: dit tout sans rien dire, de quel dire parle-t-il ? Chose certaine, il disqualifie d’emblée ce que nous entendons habituellement par dire, soit de désigner selon une cohérence logique. Cela signifie donc qu’il y a un sens plus fondamental au verbe dire, qui doit recouvrir à la fois ses acceptations logiques et poétiques. Lire la suite « Bagatelle #2: Le monde et le dire »
Bagatelle #1: Le paradoxe
Le paradoxe: froissement, mauvais pli dans la toile langagière qui recouvre notre monde, déchirure, plaie par laquelle s’écoulent les mots et au milieu de laquelle le philosophe vient se placer, lui-même manieur de couteau, révélateur de cette fragile pellicule qui enchâsse ce que nous appelons notre monde, et à la fois petite plaquette sanguine chétive étirant ses tentacules, cherchant désespérément à trouver quelque prise qui lui permette d’endiguer la fuite. En révélant le paradoxe, le philosophe provoque une blessure qui a le pouvoir de revivifier.