Parfois, je me demande si, en ayant fait du nazisme et du totalitarisme une espèce de trou noir qui, par sa démesure, aspire toute autre espèce de vice, aimante toutes les propensions dont sont habités les parangons de la vertu à désigner le mal qui les entoure et qui réduit à des balivernes toutes les petites saloperies ordinaires du monde, Adolf Hitler n’a pas finalement mieux réussi que Jésus Christ lui-même à absoudre les hommes de leurs péchés.
Catégorie : Chroniques de la vie mutilée
Chroniques de la vie mutilée #4: Comment se planter en beauté
C’est certainement l’une des propensions les plus grossières et les plus ordinaires de l’homme que de révérer le succès, de n’apercevoir la vertu que dans ce qui réussit, de confondre le rang et l’esprit. Et cela pour la bonne raison que cette révérence ne demande aucun effort particulier, l’âme fragile ployant naturellement devant le cours des choses. Mais quant à s’aiguiser quotidiennement le regard afin de persister à déceler le juste dans ce qui est humilié et écrasé, et à prendre des risques en faveur de cette autre vertu, quitte à se planter en beauté, il faut pour cela une âme et des cojones d’acier.
Chroniques de la vie mutilée #4 : de la rage de vivre et de son contraire
L’on pourrait facilement croire que le contraire de la rage de vivre est le renoncement mais même le renoncement demande un effort, une effusion passionnelle. Il consiste en une sorte de manifestation révoltée ou mésadaptée du vouloir-vivre, où l’homme se trouve ou bien dans l’impossibilité d’accepter le scandale de l’existence ou bien dénué des moyens qui lui permettraient d’y faire face. Par suite, le renonciateur saute si bien dans l’intervalle de l’instant et vit si intensément les contradictions auxquelles il fait face que le renoncement devient pour lui la seule voie possible. Lire la suite « Chroniques de la vie mutilée #4 : de la rage de vivre et de son contraire »
Chroniques de la vie mutilée #3: Commodité catastrophique
La crise écologique qui nous pend au bout du nez relève d’une responsabilité collective, donc abstraite. Pour cette raison, elle prend aux yeux de beaucoup d’individus un air d’inéluctabilité, comme s’il y avait là des forces naturelles qui se manifestaient, des forces qui dépassent l’échelle de l’action humaine. Mieux : il semble que celui qui oserait mettre le pied dans l’engrenage pour s’attaquer à ces forces naturelles risquerait de provoquer une nouvelle catastrophe – par exemple l’effondrement de l’économie – dont il aurait à prendre la responsabilité sur ses épaules. Conséquemment, entre deux catastrophes possibles, les hommes choisissent la plus commode : c’est-à-dire celle dont ils ne peuvent être tenus responsables. D’où l’inaction actuelle.
Chroniques de la vie mutilée #2: Le journaliste intérieur
Le spectacle médiatique caractéristique de notre époque déteint si bien sur nous, hommes de la postmodernité, que lorsque nous n’y prenons gare, l’esprit journalistique vient court-circuiter sans cesse notre faculté de réflexion. En fait, exposés quotidiennement comme nous le sommes aux surabondantes sources d’information qui nous entourent, cet esprit devient véritablement une seconde nature, une sorte d’indélogeable incrustation psychique que nous pouvons à bon droit appeler notre journaliste intérieur. Lire la suite « Chroniques de la vie mutilée #2: Le journaliste intérieur »
Chroniques de la vie mutilée #1: Le salon ambulant
Le téléphone portable permet aujourd’hui de faire sortir de son salon des possibilités technologiques qui autrefois (hier à peine…) étaient confinées à l’ordinateur de bureau. Mais, fait tout aussi remarquable, avec ces appareils, le salon lui-même devient mobile. Lire la suite « Chroniques de la vie mutilée #1: Le salon ambulant »