Le brasier du monde

Le brasier du monde

C’était le jour de Noël et, assis sur un vieux fauteuil grinçant, je contemplais avec amour le feu que je venais d’allumer. Bercé par les lumières chatoyantes du brasier et les crépitements qui s’échappent de l’âtre, je me mis alors à songer que l’ensemble des petits gestes qui président à la préparation d’un bon feu constitue certainement l’un des plus grands bonheur de la vie. Il y a en effet un indicible et fascinant quelque chose dans le plaisir de fendre le bois – un plaisir rendu franc par la violence du contact avec la matière, puis dans l’étreinte donnée aux bûches pour les transporter jusqu’au lieu d’immolation, et ensuite dans le tourbillonnement des caresses olfactives, doucement dispensées par ces si précieux matériaux que sont érables, bouleaux, cèdres et autres trembles. C’est enfin dans le moment solennel où les cylindriques victimes sont empilées sur l’autel métallique, prêtes à être sacrifiées pour le seul agrément des convives rassemblés. Lire la suite « Le brasier du monde »

Citation de la semaine: Sylvain Trudel

Citation de la semaine: Sylvain Trudel

Sans la lumière, les gens se prendraient par le bras et avanceraient lentement, à tâtons, ensemble d’un même pas hésitant, comme des frères; nul ne posséderait plus aucune certitude et il n’y aurait plus de croyances dans les têtes, mais, hélas, le soleil existe et les gens préfèrent croire les mensonges de la lumière qui les rendent si malheureux.

Du mercure sous la langue

Derrière les fenêtres

Derrière les fenêtres

Il m’est venu à l’esprit, il y a quelques jours de cela, lors d’un joyeux moment d’oisiveté, que la fenêtre d’une maison et l’écran d’un ordinateur (ou d’un téléphone portable, d’une tablette) partagent exactement le même principe de base: soit un cadre rectiligne fixe duquel émane une lumière permettant à l’œil de contempler une réalité extérieure – celle de la nature dans le premier cas, et celle de la virtualité dans l’autre. Cette dernière peut en effet être considérée comme une réalité extérieure dans la mesure où ce qui y apparaît rompt de manière nette avec l’espace de la maison. De la même façon, il est permis de considérer le monde de l’écran d’ordinateur, avec ses assortiments d’icônes, de pages web et de tous ces petits gadgets propres aux systèmes d’exploitation modernes (dont le plus connu s’appelle d’ailleurs Windows), comme une sorte de paysage. Lire la suite « Derrière les fenêtres »

Carmageddon !

Carmageddon !

Qui n’a jamais eu, en conduisant sa voiture, le fantasme inavouable d’appuyer à fond sur l’accélérateur afin d’écrabouiller quelque piéton ou cycliste indiscipliné ? D’amasser quelques « points » en débarrassant la route de ces éléments nuisibles ? De se donner une bonne petite dose d’ultraviolence, comme le fait Alex DeLarge – le charmant protagoniste de A Clockwork Orange – à bord de sa Durango 75. De fait, je suis convaincu, ou plutôt je sais que cela arrive même aux natures les plus douces, les plus pacifiques et les plus bienveillantes qui soient. C’est qu’il s’agit d’un phénomène qui ne découle pas d’une quelconque forme de sociopathie ou de psychopathie mais qui est plutôt inhérent au traitement que le monde de technique et de technologie qui nous entoure fait subir au corps humain. Un traitement auquel, il faut le dire, nous nous soumettons volontiers. Lire la suite « Carmageddon ! »

Citation de la semaine: Josie Appleton

Citation de la semaine: Josie Appleton

[…] le problème n’est pas tellement l’éthique consumériste en tant que telle, mais le fait qu’elle est devenue – par défaut – une des dernières expériences significatives de notre existence. Il y a dans le fait d’acheter un nouveau produit, une nouvelle chemise ou un nouveau disque, et de les rapporter chez soi, une tangibilité et une satisfaction qui impliquent que le shopping devient pour les individus une confirmation de leur capacité de produire des effets dans le monde.

– The Cultural Contradictions of Consumerism

Bagatelle #3: Le poète

Bagatelle #3: Le poète

Le poète ? Il n’est pas un révélateur de paradoxes comme peut l’être le philosophe. Il est le paradoxe. Il s’engouffre dans cette plaie et se laisse couler jusqu’au revers de la toile langagière qui recouvre le monde. De cette position, il a tout le loisir de se jouer des mots, de les subvertir comme cela lui chante, de les détourner de leur fonction originelle, de les extirper du règne auquel ils sont dédiés: celui de l’utilité. La poésie est toujours une affaire de rébellion. Lire la suite « Bagatelle #3: Le poète »

Dompteur en voyage

Dompteur en voyage

Votre humble serviteur délaissera pendant un moment son inlassable travail afin de vous dénicher des perles réflexives. Je dois en effet me rendre au pays de Platon, Aristote et tant d’autres philosophes. Si tout va bien, j’espère pouvoir participer à une cérémonie clandestine des Mystères, au sanctuaire de Delphes, en l’honneur de Socrate.

À bientôt,

Dompteur de mots