Ars Rhetorica #1

Ars Rhetorica #1

Dans plusieurs articles précédents, je me suis intéressé au thème de la rhétorique et ce, de la manière la plus étrange. Moi-même, je me surprends de ces incursions. La rhétorique devrait normalement être un thème honni de tout philosophe sain d’esprit, puisque celui qui s’y associe risque de miner sa propre crédibilité. Il y a malgré tout quelque chose qui me turlupine (et qui me turlupine encore !) à ce propos et qui me force à aller patauger dans ces eaux troubles. Cela tient peut-être à ce que l’un des reproches que l’on adresse souvent à la philosophie est de ne constituer qu’une sorte de vague caprice spéculatif qui ne se se fonde sur rien de solide, de n’être qu’un vain exercice de l’esprit. Lire la suite « Ars Rhetorica #1 »

Derrière les fenêtres

Derrière les fenêtres

Il m’est venu à l’esprit, il y a quelques jours de cela, lors d’un joyeux moment d’oisiveté, que la fenêtre d’une maison et l’écran d’un ordinateur (ou d’un téléphone portable, d’une tablette) partagent exactement le même principe de base: soit un cadre rectiligne fixe duquel émane une lumière permettant à l’œil de contempler une réalité extérieure – celle de la nature dans le premier cas, et celle de la virtualité dans l’autre. Cette dernière peut en effet être considérée comme une réalité extérieure dans la mesure où ce qui y apparaît rompt de manière nette avec l’espace de la maison. De la même façon, il est permis de considérer le monde de l’écran d’ordinateur, avec ses assortiments d’icônes, de pages web et de tous ces petits gadgets propres aux systèmes d’exploitation modernes (dont le plus connu s’appelle d’ailleurs Windows), comme une sorte de paysage. Lire la suite « Derrière les fenêtres »

Carmageddon !

Carmageddon !

Qui n’a jamais eu, en conduisant sa voiture, le fantasme inavouable d’appuyer à fond sur l’accélérateur afin d’écrabouiller quelque piéton ou cycliste indiscipliné ? D’amasser quelques « points » en débarrassant la route de ces éléments nuisibles ? De se donner une bonne petite dose d’ultraviolence, comme le fait Alex DeLarge – le charmant protagoniste de A Clockwork Orange – à bord de sa Durango 75. De fait, je suis convaincu, ou plutôt je sais que cela arrive même aux natures les plus douces, les plus pacifiques et les plus bienveillantes qui soient. C’est qu’il s’agit d’un phénomène qui ne découle pas d’une quelconque forme de sociopathie ou de psychopathie mais qui est plutôt inhérent au traitement que le monde de technique et de technologie qui nous entoure fait subir au corps humain. Un traitement auquel, il faut le dire, nous nous soumettons volontiers. Lire la suite « Carmageddon ! »

Citation de la semaine: Josie Appleton

Citation de la semaine: Josie Appleton

[…] le problème n’est pas tellement l’éthique consumériste en tant que telle, mais le fait qu’elle est devenue – par défaut – une des dernières expériences significatives de notre existence. Il y a dans le fait d’acheter un nouveau produit, une nouvelle chemise ou un nouveau disque, et de les rapporter chez soi, une tangibilité et une satisfaction qui impliquent que le shopping devient pour les individus une confirmation de leur capacité de produire des effets dans le monde.

– The Cultural Contradictions of Consumerism

Posologie de l’espoir

Posologie de l’espoir

L’espoir est la survivance de la rage d’agir au-delà de l’impuissance. Lorsque le désir qui habite un homme a des aboutissants qui ne sont plus à sa portée, il ne lui reste plus qu’à espérer, c’est-à-dire à propulser ce qui lui reste de rage d’agir dans les hauteurs, comme on jette une bouteille à la mer, comme on couche les mots sur une feuille de papier: pour les autres, pour que l’élément de sa propre pensée leur devienne accessible et qu’ils puissent participer à son impossible édification; ou alors pour soi-même, pour se délester un moment, le temps de laisser mûrir le fruit inaccessible, le temps d’accumuler des forces fraîches et de revenir, porté par un élan nouveau. Il est par conséquent inexact d’affirmer, à l’instar d’Albert Camus, que le fait d’espérer constitue une sorte de résignation. Lire la suite « Posologie de l’espoir »

Résolution nocturne #5

Résolution nocturne #5

La philosophie est en bonne partie une constante lutte contre le conformisme qui s’incruste dans les multiples replis de la culture et de la pensée. Le philosophe veut activer ce qui s’affaisse, ébranler ce qui est pétrifié en un ciment de certitudes, déranger ce qui se laisse couler dans le confort capitonné de l’habitude. Et cela n’exclut certainement pas ce qui manifeste ces caractéristiques au sein de sa propre personne. Lire la suite « Résolution nocturne #5 »

Pourquoi écrire des poèmes d’amour ?

Pourquoi écrire des poèmes d’amour ?

Il semble parfois inconvenant de dire « je t’aime » selon les usages admis, normalisés, stéréotypés de ce mot et de toutes les expressions qui s’y rapportent. En fait, il semble parfois inconvenant de signifier que l’on aime, point barre. Pourquoi? Parce qu’il y a, dans l’expression « je t’aime » quelque chose qui relève de l’utilité, de l’économie du couple; quelque chose qui tire la communion amoureuse vers sa nature industrieuse. La pleine intimité de la communication amoureuse y est sacrifiée au nom de l’efficacité. Lire la suite « Pourquoi écrire des poèmes d’amour ? »